21 février 2018
La croissance américaine plus forte à court terme
Après l'élection de Donald Trump, l'économie américaine va changer de profil, au moins temporairement.
Après l'élection de Donald Trump, l'économie américaine va changer de profil, au moins temporairement. La croissance sera plus soutenue que ce qui était attendu, l'inflation un peu plus forte sans être excessive et les taux d'intérêt seront plus élevés.
Parmi les mesures attendues dès 2017 figure une baisse significative des impôts pour les ménages et pour les entreprises. Le chiffrage réalisé annonce un peu plus de 6 000 milliards de dollars de baisses d'impôt sur dix ans, l'objectif étant de soutenir les dépenses de consommation et d'améliorer la situation des entreprises pour qu'elles investissent davantage aux USA. Ces mesures auront une certaine efficacité sur la croissance en 2017 et 2018. Cependant, la hausse de la demande va se traduire par des pressions un peu plus fortes sur les prix.
C'est cette rupture qui explique la hausse des taux d'intérêt constatée depuis l'élection. Jusqu'à présent, pour soutenir la demande intérieure, les banques centrales devaient être les plus accommodantes possibles, ce qui justifiait les taux d'intérêt très faibles, parfois négatifs, que l'on a pu observer dans les taux de référence des banques centrales. Ce phénomène était aussi constaté dans la zone euro avec, en plus, des taux négatifs pour les obligations d'État de maturité de moyen terme.
La politique budgétaire plus volontariste va soutenir la demande intérieure. Dès lors, la Banque centrale américaine n'aura plus l'obligation absolue de maintenir des taux d'intérêt les plus bas possibles pour soutenir la demande ; et l'ensemble de la structure des taux d'intérêt va donc remonter aux USA.
L'impact sur l'Europe sera limité en 2017. La hausse de l'activité ne se fera pas sentir et l'Europe ne connaîtra une accélération de sa croissance sous influence américaine que si d'autres mesures sont mises en œuvre pour que la relance s'inscrive dans la durée. À court terme, le risque est celui d'une hausse durable des taux d'intérêt en sympathie avec celle observée outre-Atlantique. La Banque centrale européenne (BCE) ne le souhaite pas pour ne pas pénaliser la croissance, et fera le nécessaire dans un contexte qui restera peu inflationniste. L'ajustement à cette situation nouvelle passera par une appréciation du dollar, ce qui a déjà commencé.
Le reste du programme de Donald Trump sera plus difficile à mettre en œuvre. Si la baisse de la fiscalité a obtenu l'aval du Congrès républicain, ce dernier reste réticent à accroître les dépenses. Or les 1 000 milliards de dollars de dépenses d'infrastructure sur dix ans annoncées par le candidat républicain doivent être validées par les parlementaires et trouver un financement. Pour passer tous ces obstacles, ces nouvelles dépenses se feront dans un futur un peu plus éloigné que la baisse de la fiscalité ; dans le meilleur des cas en 2018-2019.
L'autre fait marquant de la campagne était la défiance vis-à-vis du reste du monde et la volonté des Américains de se replier sur eux-mêmes en se coupant partiellement de la dynamique du commerce mondial. Ce point ne semble plus être à l'ordre du jour. Certes, le retrait de la négociation commerciale avec l'Asie (hors Chine) est un gage donné aux électeurs, mais sans conséquences dommageables tant qu'il n'est pas mis en place.
D'autres facteurs pourront affecter la trajectoire de l'économie : la remise en cause du système de santé qui pourrait pénaliser les personnes aux revenus les plus réduits, ou encore la déréglementation bancaire souvent évoquée *via* une réduction des mesures mises en œuvre après la crise de 2008.
L'effet de court terme devra trouver un relais à moyen terme, sinon l'économie restera condamnée à une croissance réduite, comme c'est déjà le cas depuis 2011.
Rédigé le 25/11/2016